Jean coule une retraite heureuse en bord de mer, à plus de 80 ans.
Ce fut sans doute un des acteurs décisifs pour l’évolution du Club dans la décennie 60/70.
Jean a été le créateur de l’école de Rugby. La première pierre.
Ce n’était pas vraiment une “école”…
Juste un assemblage de jeunes joueurs découvrant un nouveau sport.
Hyper actif, jamais découragé, filou comme çà n’est pas possible, l’œil malin du renard qui va se faire un canard (dans le pays d’origine de Jean, c’est le canard qui prédomine) il était le prototype du talonneur, débrouillard, teigneux, pas menteur parce que convaincu de ses propres entourloupes, son vieil armagnac récompensant nos plus beaux succès.
Jean n’était pas spécialement un technicien du Rugby. Il compensait ceci par un enthousiasme sans borne.
Sa principale directive était : « Pas de voyage pour rien ».
Autrement dit, si par hasard tu as réussi à entrer dans le périmètre décisif de l’adversaire et qu’il ne peut plus t’échapper, même s’il n’a plus le ballon, explose le !
Jean encadrait également la sélection de Bretagne Junior (aujourd’hui U18). On y retrouvera son empreinte à l’occasion d’un déplacement à Blois pour rencontrer l’Orléannais.
Voyage en train, et changement à Nantes, où il fallait faire vite.
Pas de problème, Jean nous fait monter rapidement dans un autorail, où on avait toute la place qu’il fallait pour s’installer à l’aise, et heureux d’être arrivé à temps au moment où les hauts parleurs annonçaient le départ du train quai 2 pour Blois. Un instant nous avons eu l’illusion que c’était notre autorail qui partait…
Mais nous étions quai 1, dans un train qui venait d’arriver de Blois. Et y retournera 6 heures plus tard
Au point que le lendemain le terrain tracé au balai dans la neige a été déclaré injouable.
Pas de voyage pour rien !
Et c’est le ventre vide (l’hygiène de vie du sportif recommandant alors un déjeuner léger et « biscotté » avant le match) que nous sommes rentré à Vannes.
Ce match contre l’Orléanais fut reporté, mais à Vierzon
Vous ne voyez ici qu’une patate ?
Jean, lui, en fera un instrument incontournable pour optimiser ses compositions d’équipes
La sélection bretonne juniors était alors composée à 40 % de Vannetais, 30 % de Lorientais, le reste de Brest, Le Rheu, Rennes…
Mon frère Jacques, né en mars 1949, était trop âgé pour y jouer, tout comme Pierre Loussouarn, pompier professionnel et boxeur amateur.
Mais Jean s’était persuadé qu’ils apporteraient un plus à l’équipe.
Par ailleurs étaient présents dans l’équipe de l’Orléanais 2 frères qui avaient joué à Vannes 2 ans auparavant, les frères Rieux.
Il fallait donc être prudent, surtout vu le caractère officiel de la rencontre.
Mais pas de quoi inquiéter Jean.
Il avait « la patate » !
Aussi la veille du match, dans l’hôtel où nous étions descendus, le voilà se positionner dans le hall d’entrée de l’hôtel, d’où il était persuadé pouvoir prévenir toute tentative d’évasion de notre part. Puis muni d’un Opinel ayant sans doute égorgé plus d’un canard voué à devenir magret,
NB : Si vous doutez de la qualité de la traduction, sachez qu’une des particularités du langage des canards, en particulier de ceux qui sont enchaînés, est de vous traduire en peu de mots des mets faits que d’autres écrivent par chapitres entiers.
Bon, avec tout çà je perds le fil…
Ah oui, donc voilà Jean en train de sculpter une ½ patate (pas forcément sarladaise), pour en obtenir la copie conforme du tampon de la FFR. (Mais avec le magret, sarladaise, c’est mieux)
Un peu d’encre noir, de l’eau chaude pour remplacer une photo, et voilà Jacques 6 mois plus jeune que moi ! Et sélectionnable ! (On peut faire de simples pommes, c’est moins riche, et moins goûteux)
La seconde cartouche nommée Pierre Loussouarn s’était discrètement changé avec nous, puis s’était subrepticement (Cà relève le texte ! Pierre, lui, n’avait rien de subreptice…) glissé dans les toilettes.
Je ne sais plus qui était le sacrifié, mais il joua bien son rôle, juste après le contrôle des licences en se rendant subrepticement (Je suis bon pour le Goncourt) aux WC. Echange rapide et subreptice du maillot numéroté et voilà Pierre sur le terrain. (De toute façon, évitez les frites…Avec du bœuf, oui, pas avec du canard !)
Jean en fit bien d’autres, à vous de jouer !
Pour la sarladaise, il vous faut :
– 500 g pommes de terre qui se tiennent (charlotte par exemple)
– 50 g de graisse de canard ou d’oie
– 1 gousse d’ail
– 2 cuillères à soupe de persil
– 250 g decèpes ou girolles
Et bien sûr un canard !
Traduction de couin : « Pas obligé ! Essayez avec du poulet ! C’est encore meilleur ! »